DECLARATION DE BAMAKO

Déclaration Finale de la Conférence Sous-Régionale de Bamako sur les Mutilations Génitales Féminines et la mise en œuvre du Protocole de Maputo - Bamako, 22 February 2006

Nous les participantes, participants,
Représentantes et représentants des gouvernements, des Parlements, de la société civile du Bénin, du Burkina Faso, de la Guinée Conakry, de la Mauritanie, du Mali, du Niger, du Sénégal et du Togo,

Réunis à l’invitation du Gouvernement du Mali,
les 21 et 22 février 2006, à Bamako, dans le cadre de la Conférence Sous-Régionale sur le thème : « Les Mutilations Génitales Féminines et la mise en œuvre du Protocole de Maputo », organisée en collaboration avec l’Association No Peace Without Justice, soutenue par UNICEF, Care-Mali, la Commission Européenne, FNUAP, PLAN-Mali, l’Aide de l’Eglise Norvégienne, la coopération suédoise, la coopération canadienne et la coopération italienne.
Reconnaissant l'importante participation des acteurs Maliens ayant oeuvré pour la tenue de la Conférence Sous-Régionale et pour la lutte contre les MGF, participation illustrée par la présence effective de la Première Dame Mme Touré Lobbo Traoré Epouse du Chef de l’Etat, de nombreux représentants du gouvernement, du Parlement et de la société civile venus de la capitale et des différentes régions;
Heureux de l’opportunité d’information et de partage offerte par cette rencontre entre les différents acteurs engagés dans la lutte pour l’abandon des MGF et la mise en œuvre du Protocole de Maputo ;
Prenant acte des résultats issus des ateliers thématiques relatifs aux aspects juridico-politiques et aux aspects socioculturels liés à l’excision ;
Considérant la qualité des contributions des participants aux séances plénières et l’importance des contributions techniques des experts sur les questions liées aux MGF ;
Préoccupés par les effets préjudiciables et irréversibles des MGF sur la santé des femmes et des filles, tant au plan physique, psychologique que social ;
Réaffirmant que la pratique des MGF est une violation des droits de la femme et de la fille et une atteinte à leur intégrité physique et à leur dignité ;
Se réjouissant de l’entrée en vigueur du Protocole de Maputo à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples relatif aux Droits des Femmes, le 29 novembre 2005 ;
Reconnaissant que l’abandon des MGF et la mise en œuvre du Protocole de Maputo ne pourront être réalisés que par une synergie d’actions entre tous les acteurs tant publics que privés ;
 
Nous participantes, participants,
 
Approuvons les recommandations des ateliers thématiques annexées à la présente Déclaration [ voir: Compte rendu de l’atelier thématique n° 1 | Compte rendu de l’atelier thématique n° 2 | Compte rendu de l’atelier thématique n° 3 | Compte rendu de l’atelier thématique n° 3bis ];
 
Adoptons en particulier les recommandations suivantes :
1. Les Parlements doivent contrôler l’action du Gouvernement et s’assurer que les engagements internationaux pris par leur pays en tant qu’Etats parties qui protègent les libertés et les droits fondamentaux des femmes et des enfants sont mis en œuvre au niveau national ;
2. Tous les acteurs, gouvernements, parlements, société civile, chefs traditionnels et religieux, mouvements de femmes et de jeunes doivent travailler en synergie, afin que leurs actions soient complémentaires et coordonnées et mettent un accent particulier sur les bénéfices de la ratification et de la mise en œuvre du Protocole de Maputo par une large diffusion auprès de leurs populations ;
3. Dans le cadre de l’abandon des MGF, l’adoption d’une loi est une étape importante qui comporte un effet à la fois dissuasif et éducatif ;
4. L’adoption et la mise en œuvre de toute législation sur les MGF doivent se faire en concertation avec la société civile, les chefs coutumiers et religieux ainsi qu’avec les leaders d’opinion dans le cadre d’une stratégie plus large pour l’abandon de cette pratique. Les communautés et plus particulièrement les femmes doivent être informées par le biais de campagnes de sensibilisation, de communication et d’information sur le contenu de la loi et sur leurs droits^en particulier ;
5. Il est important que l’harmonisation des législations et la coordination des efforts pour l’abandon des MGF s’organisent au double niveau régional et international, afin d’empêcher que les jeunes filles soient envoyées dans les pays frontaliers ou étrangers où les MGF sont pratiquées. Pour cela, le regroupement des parlementaires de la Sous-Région en réseau devient une nécessité.
6. Les services sanitaires de base doivent être renforcés de façon à assurer aux femmes ayant subi les MGF tous les soins dont elles pourraient avoir besoin ;
7. Les parlements et les gouvernements doivent régulièrement évaluer l’application de la loi, afin de corriger les lacunes éventuelles et d’adapter la législation à l’évolution de la société ;
8. Les gouvernements et les acteurs internationaux doivent donner un soutien politique, et si possible, mettre à disposition des ressources financières pour le renforcement des ONG dans leur lutte pour éradiquer les MGF. Les gouvernements, en particulier, doivent envisager d’allouer des fonds du budget national, et travailler de concert avec la société civile dans la mise en œuvre de stratégies pour l’élimination des MGF, y compris la coopération, l’information du public et l’éducation ;
9. Les Etats membres de l’Union Africaine qui ne l’ont pas encore fait doivent ratifier le Protocole de Maputo ;
10. L’Union Africaine doit charger la Commission africaine des droits de l’Enfant et tout autre organisme approprié du suivi des efforts déployés par les Etats membres.