Second Thematic Session

Second Report - Les experiences sur le terrain et les resultats des ongs dans la region -

SESSION THEMATIQUE 2
 
2 février 2005
 
RAPPORT 2
« LES EXPERIENCES SUR LE TERRAIN ET LES RESULTATS DES ONGS DANS LA REGION »
Rapporteurs :
Mme Aicha Ibrahim, Chargé de Programme, UNFPA, Djibouti
M. Chehen Mohamed Watta, USAID, Djibouti
 
Session Thématique 2 : « Le protocole de Maputo et la mise en oeuvre des instruments législatifs et politiques pour le changement des conventions sociales. »
 
Composition du Bureau :
- Mr Mahamoud Ali Youssouf, Ministre Délégué a la Coopération Internationale, Président du Bureau
- Mme Linah J. Kilimo, Ministre des Affaires Intérieures, Kenya, Co- Présidente de la session ;
- Mme Maria Gabriella De Vita, Child Protection Programme Division, UNICEF, NYHQ, Facilitateur ;
- Mme Aicha Ibrahim, Chargée de Programme, UNFPA, FNUAP, rapporteur
- Dr Chehem Watta, Consultant USAID/ JSI et Banque mondiale, rapporteur
 
Après l’ouverture de la séance par le Président du Bureau, Monsieur Mahmoud Ali Youssouf, Ministre
Délégué a la Coopération Internationale, plusieurs personnes sont intervenues et ont partagé leurs expériences sur le terrain.
 
1.                  Degmo Mohamed, Secrétaire Générale de l’UNFD
 
Elle a insisté sur le rôle pionnier de l’UNFD dans la lutte contre les MGF qui a parmi ses objectifs premiers, la promotion de la santé de la mère et de l’enfant. Des 1980, l’UNFD déclare qu’elle entend lutter contre les pratiques traditionnelles néfastes en général et les MGF en particulier.
En 1984, l’UNFD organise, pour la première fois à Djibouti, un atelier de réflexion animé par un religieux de l’Université El Azhar. Il déclare, à cet effet, que les MGF sont sans fondement religieux.
Ensuite, l’UNFD a vécu une période de transition axée sur la pratique de la sunna avec assistance médicale tout en axant la mobilisation sociale autour des activités de sensibilisation, de conversion des ex-exciseuses traditionnelles et la mise en place d’un soutien organisé a celle qui veulent mettre un terme a leur travail d’exciseuse.
Depuis plusieurs années, l’UNFD milite pour l’abandon total des MGF. Elle se trouve à la base en 1995 de l’article 333 et suivants (Titre II du Code Pénal), sur l’interdiction des MGF, voire de toutes les atteintes a l’intégrité physique ou psychique de la personne.
Actuellement, l’UNFD mène un certain nombre d’activités ayant trait à la promotion de la santé de la mère et de l’enfant et à l’élimination des MGF à savoir des programmes radio en collaboration avec la BBC, la formation d’éducateurs pairs, la production de matériel IEC, la sensibilisation des femmes, l’organisation d’une journée de dépôt de couteaux ( 100 ) par les exciseuses, un projet de micro-crédit ciblant ces dernières, l’organisation des clubs de jeunes, reconversion de plus de 100 exciseuses et cela dans le cadre de la Lutte contre toutes les Pratiques Néfastes.
Tout en insistant sur la capacité de mobilisation des femmes de son organisation, la Secrétaire Générale a conclu son intervention en mettant l’accent sur les rôles respectifs des femmes et des hommes dans la perpétuation des MGF et en soulignant les conséquences de cette pratique sur la santé et les droits des filles et des femmes. Pour ce faire, a-t- elle souligné, il y a une volonté politique sans faille tant de la Première Dame de la République et de la plus haute autorité du Pays, son Excellence le Président de la République. La collaboration entre plusieurs acteurs gouvernementaux (Ministère de la santé, Ministère Délégué a la Promotion de la Famille, Ministère de la Justice, etc.) et associatifs lui parait non seulement importante mais indispensable pour venir définitivement a bout des MGF.
 
2. Daniela Colombo, présidente de AIDOS
 
La Directrice de AIDOS a relevé les limites des actions menées depuis 20 ans pour un changement de comportements dans le cadre de la lutte contre les MGF. L’approche base sur la seule promotion de la santé ne donne pas des résultats escomptés. Elle a insisté sur une manière différente de voir les choses car les MGF sont un problème lié à la question de genre et donc aux rapports de force entre les hommes et les femmes. Pour que s’opère un changement d’attitudes et de comportements, il faut agir sur les hommes (époux, pères, religieux…) qui ont le pouvoir. Le travail sur les changements de mentalité des leaders (tant des organisations internationales, régionales, nationales et locales) est fondamental tout autant que l’approche basée sur la communauté, sa mobilisation. Il est en outre pertinent de mentionner en outre les aspects socio-économiques dans la perpétuation de ces pratiques et couvrir ainsi les besoins minimaux des femmes.
Il s’agit de lutter contre un régime patriarcal fort qui laisse peu de choix à des enfants qui n’ont aucun pouvoir et donc incapables de se protéger. Elle mentionne l’existence d’une littérature abondante, donc des connaissances. La Directrice de AIDOS, affirme que pour parvenir à l’élimination des MGF, il faut aller au delà des conséquences sanitaires et de la protection des enfants. Il faut aider les femmes à sortir et à se sortir de leur situation difficile. Pour cela, il est important d’intégrer les questions de genre, les MGF et la santé reproductive dans tous les programmes en cours.
Bien qu’il soit important de parler de droits humains, cette notion n’a aucun impact sur des populations dont les besoins de base ne sont pas satisfaits. Des législations pour l’amélioration de l’existence des femmes, au niveau global et au niveau local, sont nécessaires pour généraliser les actions d’amélioration de la condition de vie des femmes. Il y a tout un ensemble d’outils, des ressources techniques, humaines et financiers pour intégrer la lutte contre les MGF qu’il est important de mettre en exergue sans oublier le Networking pour l’utilisation rationnelle des ressources disponibles.
 
3. Ms Oubla Mohamed Saeed, Head of Women National Comitee Aden ( Yemen )
 
Depuis la Conférence Internationale dur la Population et le Développement du Caire en 1994, elle note un certain nombre d’expériences destinées à la lutte contre les MDF au Yémen. Des études ont été réalisées dans les régions d’Aden et de Hodeidah où cette pratique est répandue. A la base, souligne, il existe des conceptions et des croyances qui incitent les communautés à exciser. Il est très difficile de lutter contre ces croyances qui remontent loin dans la mémoire des populations. Ayant été prouvé que cette pratique est sans fondement religieux, elle a été interdite par le Ministère de la Santé souligne. Par ailleurs, des activités de sensibilisation sont menées pour mettre l’accent sur les conséquences néfastes de l’excision. Divers facteurs selon Ms Oubla ont influé sur la décision de lutter contre les MGF. 42 associations ont notamment participé à des travaux qui ont abouti à l’élargissement des différents programmes, la mise en place de campagnes médiatiques, l’introduction des MGF dans la SR, la réalisation des conférences sur les perspectives dans la lutte contre les MGF. Ces différentes activités sont destinées à différents groupes tels que les leaders politiques, les jeunes, les écoles, les mères, les
hommes de religion, etc. En outre, un numéro vert a été mis en place dans les quartiers populaires. Enfin elle a insisté sur l’existence d’une parfaite collaboration avec le Ministère des Waqfs et une législation qui est en cours d’élaboration.
 
4. Pamela Mburia, Media Women Association
 
Elle a mis l’accent sur la démystification des MGF à travers les médias. Cela a impliqué, notamment, la formation des journalistes pour leur donner un aperçu réaliste de la problématique des MGF. Il s’agit de montrer aux journalistes des images qui sont choquantes. Les MGF étant un problème de genre, il faut transformer les journalistes en un groupe de soutien à la cause.
Il est important d’inclure les médias dans les différents plans destinés à l’élimination des MGF. Le pouvoir politique doit aussi encourager la couverture des MGF par les médias.L’utilisation d’Internet revêt aussi une importance particulière en Afrique dans la lutte contre les MGF.
 
5. Kadidja Sidibe, AMSOPT- Mali
 
L’association (AMSOPT) qu’elle dirige intervient sur le terrain depuis 17 ans. La problématique porte sur la persistance des MGF et sur l’interprétation de la religion musulmane selon les régions. Comment expliquer les liens entre la religion et les MGF ? En effet, en établissant un lien entre la circoncision du prophète Abraham et sa paternité, les croyances populaires établissent un lien entre l’excision des femmes et leur fécondité. Pour lutter contre le symbolisme qui entraîne la peur du clitoris (rapports sexuels difficiles, mort du foetus, impuissance de l’homme…), il faut expliquer correctement l’anatomie des organes génitaux masculins et féminins. Très peu d’hommes peuvent faire une différenciation entre une femme excisée et une femme qui ne l’est pas. L’excision reste tout d’abord un problème de femmes et c’est à elles d’initier les changements qui s’imposent. Son témoignage permet de voir que l’avancée est possible notamment, elle a mentionne l’abandon des MGF dans 45 villages sur 80. Il est important de souligner selon Mme Kadidja la constitution des relais pour que la communauté elle-même fasse le suivi et reste vigilante.
 
6. Michael Miller, Centre Innocenti – UNICEF
 
De nombreuses initiatives de l’UNICEF ont lieu au niveau global et au niveau des pays pour parvenir à l‘abandon des MGF. Un digest sur les MGF a été élaboré pour enclencher un processus vers l’abandon de cette pratique et favoriser un engagement fort des pays. Le digest met en exergue des expériences concrètes d’abandon des MGF ainsi que des collaborations réussies avec différents partenaires. Pour obtenir un changement de comportements, des initiatives locales à la base sont préconisées. Les approches qui se basent sur la prédominance des conséquences sanitaires ne marchent pas. Il faut plutôt privilégier les approches qui mettent l’accent sur les discussions au sein de la communauté. L’abandon des MGF doit être un choix collectif. Il est donc important de parvenir à un engagement collectif de la communauté. En conclusion, il est important de savoir que malgré la persistance de cette pratique, il faut être optimistes car avec des outils appropriés, il est possible de parvenir à l’abandon des MGF au cours d’une seule génération.
 
7. Soumaya El Bashir, AMFAD – Soudan
 
Depuis 25, l’association lutte pour l’abolition des MGF et ce à travers des nombreuses campagnes. Ces campagnes comprennent des activités de sensibilisation et de formation (personnels de la santé, accoucheuses traditionnelles, enseignants, médias). Un accent a été mis aussi sur l’éducation des filles qui constituent un investissement crucial. Des matériels d’IEC et des publications sont produits. Des recherches et des enquêtes sur le sujet sont aussi menées pour approfondir les connaissances.
 
8. Bogalech Gebre, KMG – Ethiopia
 
Après avoir rendu un hommage appuyé au courage de Djibouti qui a pris la décision de sauver ses filles. Elle a partagé son expérience dans une communauté du sud de l’Ethiopie qui pratique les MGF sur des jeunes filles âgées de 16 à 20 ans. Elle a souligné l’engagement absolu contre ces pratiques récemment formulé par 25 000 jeunes de cette région.Les populations de cette région  n’ont aucune explication des origines des MDF mais elles continuent de les perpétuer malgré les souffrances endurées par les femmes. Ces femmes qui sont, par ailleurs, soumises aux rapports de force entre hommes et femmes supportent en silence ce fardeau.
La lutte contre les MGF passe par un renforcement du rôle de la femme et doit être l’oeuvre de la communauté plutôt que celle d’une ONG. L’accent a été mis aussi sur les risques supplémentaires encourus à cause de l’infection du VIH/SIDA.