Faible sanction sur l’excision au Sénégal. Seuls huit jugements en 17 ans

Faible sanction sur l’excision au Sénégal. Seuls huit jugements en 17 ans
Mouhamadou BA, Rewmi, 27 Apr 2016


Malgré l’existence d’une loi interdisant l’excision, depuis 1999, au Sénégal, seuls huit cas ont été jugés en 17 ans.
Comme toutes les traditions, l’excision qui consiste en l’amputation d’une partie du sexe de la femme à la vie dure. L’État du Sénégal, tout en continuant d’user de stratégies de persuasion, d’éducation et de sensibilisation, s’est d’abord résolument engagé à user de l’arme juridique pour mettre un terme à cette pratique. Mais la loi sur l’excision souffre d’une application faible par rapport à l’ampleur de la pratique et aux résistances enregistrées, selon un rapport présenté, hier, par le ministère de la Famille. Après 17 ans de lutte, seuls 08 cas ont été portés au tribunal, lit-on dans le même rapport présenté  en marge d’une consultation ministérielle sous-régionale sur la mise en œuvre de la Résolution 69/150 de l’Organisation des Nations-Unies interdisant les mutilations génitales féminines. Selon la même source, la  loi est appliquée avec souplesse, car les peines prononcées sont faibles. Selon toujours le rapport, il y a l’intervention des lobbies religieux pour obtenir la clémence du tribunal. Même des responsables d’ONG impliqués dans la lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF) sont intervenus « pour solliciter plus de compréhension de la part du tribunal et sa clémence ».
Aussi, les réponses particulières des communautés villageoises renvoient-elles, aux spécificités sociologiques de ces milieux faits de solidarité et de capacité de dissimulation. D’où l’absence de dénonciation. Jeunes et femmes se sont contentés de dire, après un temps perceptible d’hésitation et d’intense réflexion, qu’ayant abandonné l’excision, ils n’ont connaissance d’aucune personne ayant pratiqué l’excision dans leurs villages, selon le rapport. Caractérisant un tel unanimisme, le même rapport  parle  de « complicité communautaire », et d’une « omerta communautaire ». Alors que la pratique continue,  les populations savent, mais refusent de dénoncer. Ces réponses montrent à quel point il peut être difficile de se faire une idée précise du nombre de filles excisées et de déterminer la prévalence de l’excision dans les communautés, dit le rapport.  Qui précise qu’au Sénégal, 25% des filles et de femmes sont actuellement touchées. Environ 13% des filles de moins de 14 ans restent excisées, chaque année, en moyenne autour de l’âge de 6-7 ans.
À signaler que la consultation régionale réunit, entre autres participants, des ministres et représentants gouvernementaux, des parlementaires et des activistes du Sénégal et de 14 pays ainsi que des représentants des agences des Nations-Unies et d’autres organisations internationales et des représentations diplomatiques.

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