Des acteurs prônent la "dénonciation positive’’ pour l’abandon des mutilations génitales féminines

Des acteurs prônent la "dénonciation positive’’ pour l’abandon des mutilations génitales féminines
Agence de Presse Sénégalaise (APS), 21 Dec 2016


Dakar – Des acteurs étatiques et de la société civile ainsi que des autorités judiciaires ont insisté, mardi à Dakar, sur la nécessité d’encourager la dénonciation ‘’positive’’ pour mettre fin aux mutilations génitales féminines (MGF) qui constituent une atteinte aux droits des filles et des femmes.
Ces différents acteurs étaient réunis autour d’un atelier de mise en œuvre de la Résolution A/RES/69/150 des Nations unies sur l’intensification de l’action mondiale visant à éliminer les MGF, organisé par le Comité sénégalais sur les pratiques traditionnelles néfastes à la santé de la mère et de l’enfant (COSEPRAT) et l’association ‘’La Palabre’’.
Lors de cette rencontre, ils ont mis l’accent sur l’importance du partage de l’information en vue de faire appliquer la loi.
Le Sénégal a adopté la loi 99-05 du 29 janvier 1999 interdisant l’excision, laquelle peine à être appliquée jusqu’ici. En effet, seuls huit cas ont été jugés à Kolda (sud) entre 1999 et 2016, ont déploré les participants.
Du fait du poids de la culture et des traditions enracinées dans le vécu et les comportements de certaines communautés, les pratiques néfastes persistent encore malgré les nombreux efforts consentis par l’Etat et la société civile. Ce qui fait que parler des MGF devient presque tabou.
‘’Je n’ai jamais été confronté à ce cas depuis plus de 16 ans de carrière’’, a témoigné le juge Ibrahima Ndoye, estimant que la seule et principale difficulté à l’application de la loi, c’est le problème de l’information. Pour lui, le problème ne vient pas du fait que les autorités judiciaires ne veulent rien faire mais plutôt du fait qu’elles ne sont pas saisies. Il invite l’ensemble des intervenants à un partage des informations pour faire face au déficit de la communication.
Son collègue Abdoulaye Ba plaide pour sa part pour l’adoption des propositions de réforme visant à criminaliser la non dénonciation des actes de violences sur mineur ou sur toute autre personne. ‘’Nous devons étudier les stratégies pour encourager la dénonciation positive pour permettre aux autorités judiciaires d’avoir les informations et d’intervenir à temps’’, a-t-il préconisé.
Du côté de la gendarmerie, les commandants de zone impliqués dressent eux aussi le même constat. Selon eux, les gens ne veulent pas parler, car craignant de se mettre à dos leur famille et leurs parents. Ils souhaitent du coup un échange d’informations plus régulier entre les Ong sur le terrain et leurs services.
La sensibilisation peut elle aussi être un excellent moyen de prévention contre les MGF, estime le procureur de Kolda, Moussa Yoro Diallo, qui n’hésite pas à descendre sur le terrain pour discuter, échanger avec les populations, et en particulier avec les jeunes, sur les méfaits de telles pratiques.
‘’On est plus informé des actes préparatoires et non d’actes réels d’excision. Nous stoppons le processus et quand ce sont des cas avérés, ils sont sévèrement réprimés’’, a-t-il dit. Il indique que le phénomène est en nette régression, du fait de la sensibilisation et de l’implication des jeunes, surtout des filles dans les écoles.
La directrice de cabinet du ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance, Oumou Khaïry Niang, a rappelé l’importance de travailler en synergie au niveau national et sous-régional pour élaborer des axes de convergence et des stratégies de communication en vue de mieux faire face à ces violences et violations des droits humains.

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