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Conférence sous-regionale sur les MGF Pour l’abandon de la pratique de l’excision au Mali et dans la sous-région - Media Coverage

L’Indépendant, 22 février 2006
Conférence sous-regionale sur les MGF Pour l’abandon de la pratique de l’excision au Mali et dans la sous-région
 
La Première Dame du Mali, Mme Touré Lobbo Traoré a présidé hier, mardi, l’ouverture des travaux de la conférence sous-régionale sur les mutilations génitales féminines et la mise en œuvre du protocole de Maputo. Il s’agit de passer en revue, durant deux jours, tous les aspects de la lutte contre l’excision afin de déterminer les meilleures stratégies à entreprendre pour obtenir les résultats les plus probants. Au finish, une déclaration commune sera adoptée pour l’abandon de la pratique de l’excision au Mali et dans la sous-région.
L’animation musicale de Assan Kida sur l’abandon de la pratique de l’excision, les interventions de Mme Emma Bonino, présidente de l’ONG No Peace Without Justice sur la "campagne internationale pour la ratification du protocole de Maputo et pour l’abandon des mutilations génitales féminines" ; du Directeur régional de l’UNICEF Afrique de l’Ouest sur les "aspects juridiques et politiques liés à l’excision dans la sous-région : enjeux et perspectives ", du Directeur régional de l’UNFPA sur la "santé génésique et MGF ", du Directeur régional du Plan Afrique de l’Ouest sur " les stratégies de lutte pour l’abandon de l’excision", du conseiller régional santé de la femme et du nouveau né à l’UNICEF ainsi que le discours du ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme Diallo M’Bodji Sène et celui de Mme Touré Lobbo Traoré. Voilà, entre autres, les temps forts de la cérémonie d’ouverture de la conférence régionale sur "les mutilations génitales féminines et la mise en œuvre du Protocole de Maputo". C’était hier, mardi 21 février, dans la grande salle du Centre international de conférences, pleine à craquer. Elles étaient très nombreuses à faire le déplacement notamment les femmes des 1008 logements de Yirimadio, l’association des femmes des anciens combattants et plusieurs autres associations oeuvrant dans la lutte contre l’excision. La rencontre de Bamako consacre l’engagement du Mali dans la lutte contre la pratique de l’excision, lutte commencée depuis plusieurs années. Cette prise de position ferme contre cette pratique traditionnelle néfaste et qui porte atteinte aux droits fondamentaux de la femme et de l’enfant, dira le ministre M’Bodji Sène, s’est traduite de manière irrévocable par la ratification par le Mali du Protocole additionnel à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes plus connu sous le nom de Protocole de Maputo.
La réunion de Bamako permettra de capitaliser les expériences de chacun des pays participants. Il s’agit donc de passer en revue tous les aspects de la lutte contre l’excision afin de déterminer les meilleures stratégies à prendre pour obtenir les résultats les plus probants. Les ateliers thématiques permettront aux participants de s’exprimer et de débattre sur les aspects politiques et juridiques et sur les impacts socioculturels liés à l’excision. Et la déclaration finale de Bamako permettra de faire l’état des lieux des outils législatifs afin de dégager un consensus sous-régional. Précisons que l’excision est encore pratiquée à grande échelle sur le continent africain et touche environ 130 millions de femmes et enfants avec des conséquences physiques et psychologiques graves et irrémédiables. Et le Mali demeure l’un des pays africains où la pratique des MGF est encore quasiment systématique. Plus de 92 % de la population féminine continue d’être soumis à cette pratique ancestrale. Dans son exposé sur les "aspects juridiques et politiques liés à l’excision dans la sous-région", le Conseiller régional santé de la femme et du nouveau né de l’UNICEF, Dr Touré Lalla Badji Haïdara estime que "la pratique de l’excision se perd dans la nuit des temps et remonterait à 5 ou 6 000 ans avant Jésus Christ. D’origine païenne, l’excision s’est donc développée bien avant l’apparition des religions monothéistes. Il est à déplorer que ces pratiques font de plus en plus de victimes". Avant de souligner que les mutilations génitales féminines constituent une violation fondamentale des droits des filles et des femmes tels qu’ils sont énoncés dans de nombreuses conventions internationales. Il s’agit d’une pratique discriminatoire qui prive les filles et les femmes de leur droit à l’égalité des chances, de leur droit de disposer des meilleures conditions possibles de santé. Mme Touré Lobbo Traoré a rendu un hommage mérité aux services techniques de l’Etat, aux ONG et associations impliquées dans la lutte contre la pauvreté. Pour elle, la rencontre de Bamako apportera des recommandations pour le renforcement du combat contre la pratique de l’excision. Alou B HAIDARA