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Lutte contre les MGF : Bamako, le nouveau départ - Media Coverage

L’Essor, 22-02-2006
Lutte contre les MGF : Bamako, le nouveau départ
 
La rencontre doit passer en revue tous les aspects de la lutte contre l'excision sans exclusive afin de déterminer les meilleures stratégies à utiliser pour obtenir les résultats les plus probants
Le Centre international des conférences a abrité hier le lancement de la conférence sous-régionale sur les mutilations génitales féminines et la mise en œuvre du protocole de Maputo. L'événement était présidé par l'épouse du chef de l'Etat, présidente de la Fondation pour l'enfance, Mme Touré Lobbo Traoré. Elle avait à ses côtés, les ministre de la Promotion de la Femme, de l'Enfant et de la Famille, Mme Diallo M'Bodji Sène, et de la Santé, Maïga Zeinab Mint Youba, la présidente de l'ONG "No peace without justice", Mme Ema Bonino, et les épouses des membres du gouvernement. La salle Djélibaba Cissoko qui a servi de cadre à l'événement a été investie par des femmes venues de la sous-région, du district de Bamako et de l'intérieur du pays. Les banderoles accrochées dans la salle résumaient les attentes : "L'abandon de l'excision, une façon de combattre la mortalité maternelle et infantile" ou "Excision : plus jamais de fer dans nos chairs".
130 MILLIONS DE FEMMES ET D'ENFANTS- La mobilisation des femmes contre la pratique de l'excision s'accorde avec la ferme volonté des pouvoirs publics d'encourager toutes les initiatives allant dans le sens de l'abandon de cette pratique dans notre pays. Et dans ce domaine, il y a du pain sur la planche aussi bien sur le continent où les mutilations génitales féminines (MGF) sont encore pratiquées à grande échelle et touchent environ 130 millions de femmes et d'enfants, qu'au Mali où cette pratique reste systématique. En juin 1997, le gouvernement a engagé les premières mesures devant aboutir à l'abandon de l'excision. Le département en charge de la Promotion de la Femme, de l'Enfant et de la Famille a crée, depuis, un comité national d'action à cet effet. Un programme national de lutte contre l'excision chargé de coordonner les actions menées par les intervenants actifs contre le MGF au Mali a été lancé. Malgré ces efforts gouvernementaux, environ 92 % de la population féminine malienne restent encore soumises aux MGF. D'où l'importance de la rencontre de Bamako tant pour notre pays que pour ceux de la sous-région qui y prennent part. Mme Ema Bonino a salué tous les efforts du Mali dans cette lutte contre les MGF. "Le thème de ce matin est rassurant et signifie d'ailleurs que les efforts entrepris n'ont pas été vains", s'est-elle réjouie, avant de juger que les travaux de Bamako sont sans précédent depuis le protocole de Maputo, ratifié par 16 pays dont le nôtre. Bamako marque donc un nouveau départ dans la lutte contre les MGF qui font du mal aux femmes. "L'époque de l'impunité et de l'ignorance est à jamais révolue. A ceux qui parlent de tradition, ceux-ci doivent comprendre que c'est une atteinte à l'intégrité physique de la femme", a dit la présidente de "No peace without justice.
DANS LA NUIT DES TEMPS- Mme Lalla Haïdara qui représentait le directeur régional de l'UNICEF pour l'Afrique de l'Ouest, a mis l'accent sur l'histoire de l'excision. C'est, dira-t-elle, une pratique dont l'origine se perd dans la nuit des temps, car elle remonte à 5 ou 6 000 ans avant Jésus Christ. A ceux-ci qui se réfèrent au Coran pour justifier la pratique de l'excision, elle répond qu'aucun texte religieux ne conseille l'excision, et mieux, qu'aucune des quatre filles du prophète Mohamed (PSL) n'a subi les MGF. La pratique religieuse ne saurait donc justifier les MGF. La rencontre de Bamako va permettre aux participants de capitaliser les expériences de chacun tant au niveau national grâce à la participation de tous les acteurs maliens de lutte contre l'excision, qu'au niveau international et sous-régional grâce à la présence de délégations de pays de la sous-région, d'organisations internationales et de structures spécialisées de l'ONU. La rencontre devrait aussi et surtout passer en revue tous les aspects de la lutte contre l'excision sans exclusive, afin de déterminer les meilleures stratégies à utiliser pour obtenir les résultats les plus probants. De l'avis de Mme Diallo M'Bodji Sène, le protocole de Maputo affirme la nécessité de se fixer des objectifs ambitieux, légitimes sur tous les aspects relatifs aux droits de la femme et de la fillette. Un passage de l'article 3 de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples relatifs aux droits des femmes, stipule que "toute femme a droit au respect de la dignité inhérente à l'être humain, à la reconnaissance et à la protection de ses droits humains et légaux". "Sa mise en œuvre est un chantier que nous avons entrepris sans ménager nos efforts, et il ne fait aucun doute que les événements telle que notre conférence d'aujourd'hui contribueront à soustraire l'excision des pratiques traditionnelles. Telle est notre conviction", a indiqué Mme Diallo M'Bodji Sène. La présidente de la Fondation pour l'enfance, Mme Touré Lobbo Traoré, s'est, elle, réjouie qu'au Mali fort heureusement, en ce qui concerne la lutte pour l'abandon de l'excision, nombreux sont aujourd'hui les acteurs qui, grâce à leur conviction se sont engagés aux côtés du gouvernement et des associations de défense de droit des femmes pour mettre fin à cette pratique.
Mh TRAORÉ